« Mes salariés sont devenus mes associés « Mes salariés sont devenus mes associés »
Pour concilier son métier d’agriculteur avec sa vie de famille, Matthieu Jayet Gendrot a créé la société coopérative et participative « Des pieds et des mains » avec ses trois salariés.
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«Ça nous a soudés », lance à la volée Matthieu Jayet Gendrot. Le 31 décembre 2017, ce maraîcher bio, installé depuis 2009, a monté une société coopérative et participative (Scop) avec ses trois salariés, Driss Oujjet, Patrick Linsolas et Jean-Guillaume Gérard. « Maintenant, on est tous dans le même bateau », ajoute l’agriculteur. Exit, les liens hiérarchiques. Ses collaborateurs sont devenus ses associés.
Garder les avantages sociaux du salariat
Chacun détient le quart des parts de l’entreprise, une Scop n’étant ni plus ni moins qu’une SARL avec un fonctionnement un peu particulier (lire l’encadré ci-dessous). Les quatre hommes sont, par ailleurs, salariés de la coopérative avec tous les avantages sociaux inhérents à ce statut.
« Je voulais continuer à faire ce métier tout en ayant une vie normale, confie Matthieu, qui est marié et a deux enfants en bas âge. Pour cela, il faut pouvoir s’appuyer sur du personnel autonome et impliqué. » À partir de 2012, il décide donc de verser à ses employés une prime d’intéressement au résultat. Ce n’est pas suffisant. « Je suis allé plus loin, car mes équipes gagnant en compétence, je ne souhaitais pas les voir partir, explique-t-il. Il me semblait également important de réfléchir à la transmission de mon entreprise au cas où je décidais de changer d’activité. » Par hasard, il entend parler des Scop. Il voit dans leur modèle l’outil idéal. « J’ai contacté la délégation régionale Paca-Corse de ces sociétés coopératives. Elle m’a aidé à étudier la faisabilité du projet, précise Matthieu. Nous avons aussi bénéficié de l’aide du centre de gestion et de comptabilité Cegar Sud. »
Des décisions communes
Jean-Guillaume, recruté par Matthieu en 2016, n’a guère hésité avant de saisir l’opportunité. « Je voulais m’installer, seul ou en association, après avoir acquis trois ans d’expérience sur une exploitation bio, indique-t-il. La proposition de Matthieu est tombée à pic. » Avantage non négligeable, selon lui, il a conservé les acquis liés au salariat, tout en devant chef d’entreprise. De plus, pour racheter l’exploitation de leur ex-employeur, dont la valeur a été estimée à 75 000 €, les quatre associés ont bénéficié d’un crédit participatif de 50 000 € par l’intermédiaire de l’union régionale des Scop. « Il est sans garantie personnelle, souligne Matthieu. Ce qui évite de faire peser trop de risques individuels sur chacun. » Le quatuor a financé le solde de la valeur restante par l’apport de capital en propre.
Toutes les décisions, les choix techniques, la programmation des cultures ou la stratégie de commercialisation, sont prises en commun. Pour la planification du travail au quotidien, les quatre agriculteurs se réunissent une fois par semaine. Ensemble, ils effectuent les chantiers de plantation, de récolte, d’entretien et les livraisons. « Il n’y a pas réellement de répartition des tâches, mais nous avons tous un domaine de prédilection, détaille Matthieu, qui s’est vu confier la gérance de la coopérative par ses pairs. Jean-Guillaume, de son côté, s’occupe de l’irrigation et de la mise en place des cultures. Driss gère le travail du sol et le passage des tracteurs. Patrick prospecte les nouveaux circuits de commercialisation.
Grâce à leur organisation, le temps de travail de chacun n’excède pas 40 heures par semaine. L’un d’entre eux est d’astreinte chaque week-end. Ils prennent leurs congés à tour de rôle. Jusqu’à présent, il n’y a pas eu de dissension. « Il faut dire qu’en 2018, l’année où nous nous sommes lancés, nous avons fait une campagne catastrophique. Nous avons connu de nombreux échecs techniques à cause de la météo pluvieuse du printemps. On s’est surtout soutenus », se souviennent-ils. Pour parer les éventuelles difficultés, Patrick a suivi une formation à la résolution des conflits basée sur le dialogue. Pour Matthieu, leur union a relancé l’ambition de l’entreprise. Les associés prévoient d’en doubler la superficie avec pour objectif de diversifier l’activité. Chantal Sarrazin
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